Le Comte de Monte Cristo : Attendre et espérer
23 août 2017La littérature classique fournit un formidable terreau pour l’écriture de mangas. Ainsi, Ena Moriyama propose, aux éditions Kurokawa, un épais one-shot résumant le formidable Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas.
1815, le jeune Edmond Dantes est au comble de la joie, il vient d'être nommé capitaine d'un navire marchand au long-court et va épouser Mercédès, une jeune beauté qu'il aime de tout son cœur. Mais voilà, un si grand bonheur ne peut qu'attiser les jalousies et une lettre anonyme le dénonce comme bonapartiste. Il est arrêté le jour de son mariage et enfermé sans procès au Château d'If. Il y passe plusieurs années dans l'incompréhension de ce qui lui arrive. Presque fou, il fait alors la rencontre de l'abbé Faria, prisonnier mis au secret tout comme lui. Pendant plusieurs années, les deux hommes conversent. L'abbé, homme érudit, apprend tout son savoir au jeune marin et lui parle d'un fabuleux trésor caché sur l'île de Monte Cristo. Cependant, l'abbé très malade décède et Edmond se substitue au corps pour s'échapper de la prison. Il trouve ensuite le trésor et prépare sa revanche pendant 9 longues années. Une vengeance implacable envers ceux qui l'ont trahi et l'on privé de son bonheur et de sa jeunesse.
L'histoire du Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas est fameuse dans le monde entier, et chacun connaît au moins les grandes lignes de cette parfaite incarnation de ''la vengeance est un plat qui se mange froid''. Souvent adapté en film, en série, etc, cette version en manga est intéressante non pas pour son originalité intrinsèque mais bien pour sa capacité à résumer cette histoire complexe de manière intelligible pour ceux qui n'ont pas lu l'ouvrage original.
Dans les graphismes, je ressens toute la tendresse de l'autrice pour cette histoire, sa préférée étant enfant selon ses dires. Les graphismes sont très détaillés, dynamiques et expressifs. Le travail des expressions est poussé et on sent une certaine complaisance dans la manière dont Ena Moriyama a représenté la princesse Hayadée avec un luxe de détails et un charme exotique digne des nuits d'Orient, qui tranche avec les toilettes de ces dames de la noblesse française du milieu du XIXe siècle. Si je pinaille, la seule chose que je regrette concernant les dessins sont les longueurs étranges des crânes des personnages, mais ce n'est qu'un détail. Je me pose également des questions sur l'apparente jeunesse d'Edmond Dantes par rapport à son âge lors de sa vengeance, et en comparaison de ses traitres d'anciens amis qui eux accusent leur âge. Même si on admet qu'ils étaient un peu plus âgé au départ, là l’écart s'est vraiment creusé.
Je tiens à saluer le travail de synthèse effectué. Première approche à l’œuvre originale, c'est un agréable résumé qui pourrait donner envie à ceux qui ne l'on pas lu, ne serait-ce que pour les détails des machinations du comte ou encore le devenir de certains personnages non évoqué dans le présent manga.