Librement adapté des mémoires de Marie-Thérèse Figueur, seule femme dragon de la grande armée napoléonienne, Thérèse Dragon de Damien Marie et Karl T. aux éditions vent d’ouest proposent un récit atypique et passionné d’une femme au destin incroyable et sanglant. 

La petite Thérèse et le petit Clément s’aiment depuis leur plus tendre enfance, mais à la mort du père de Thérèse, alors qu’elle a 9 ans, elle est envoyée chez son oncle. Dans le tourment de la Révolution puis des campagnes napoléoniennes, elle se jette au cœur de la bataille et devient un dragon loué par ses camarades et craint de ses ennemis. Mais ce n’est pas par amour du carnage qu’elle part en guerre, c’est dans l’espoir de retrouver son cher Clément dont elle sait qu’il a été enrôlé comme petit tambour. 

Une héroïne ambiguë

Thérèse est présentée comme une ancienne royaliste, devenue révolutionnaire avant de rejoindre les armées de l’empereur Napoléon Ier. Elle est forte, déterminée, intrépide, et trompe la mort à de nombreuses reprises malgré plusieurs blessures. Seule femme autorisée à rester dans les armées grâce au soutien de ses supérieurs, elle se travestit en homme pendant de nombreuses années, ce qui était alors un tabou pour la gent féminine. Les auteurs en font une héroïne qui ne vit que pour retrouver celui qu’elle aime et se bat contre ses démons intérieurs. C’est une guerrière hors-pair qui a le combat dans le sang, mais ce n’est pas l’angle choisi par les auteurs qui choisissent de la présenter à moitié névrosée et suicidaire… Selon les récits contemporains, c’était surtout une femme d’action ayant refusé plusieurs promotions pour rester dans la troupe. Un temps dame d’honneur de Joséphine, elle s’ennuie ferme et aspire à retrouver le champ de bataille (ça ce n’est pas dans la BD). 

Le monstre de la guerre

La guerre est montrée pour ce qu’elle est, répugnante, mortifère, monstrueuse, capable de changer les meilleurs des hommes en bêtes sauvages. Thérèse dit à plusieurs reprises son dégoût pour les soldats ivres d’alcool et de femmes. Blessée à plusieurs reprises, elle est faite prisonnière en Espagne avant de rejoindre l’Angleterre. Elle n’est libérée qu’à l’abdication de Napoléon après Waterloo. 

Graphiquement, le titre est très beau. Thérèse est très sensuelle et ne souffre pas des affres des ans et de la captivité. Le découpage est dynamique, les détails soignés et nombreux. La mise en couleur permet de distinguer le rêve (délire) de la réalité, et bien que le récit parle de guerres interminables, il est loin d’être gore ou macabre. 

Je n’ai pas lu Les Campagnes de Mlle Thérèse Figueur, aujourd’hui Mme veuve Sutter, je ne parlerai donc pas du fond historique de cette BD, bien qu’il semble que la fin soit différente dans son déroulé. J’ai déjà émis des réserves sur la personnalité de la Thérèse dépeinte ici, mais je suis tout de même heureuse de découvrir un personnage historique féminin qui est parvenu à transcender sa condition de femme pour vivre de grandes aventures à une époque où les femmes étaient bien souvent renvoyées dans les cuisines. 

Cette bande dessinée date de 2014. Peut-être qu’aujourd’hui l’angle aurait été différent et aurait creusé un peu plus le côté féministe au lieu de présenter une névrosée ivre de l’amour de ses souvenirs. La dame était visiblement brave et libre au point de gagner le surnom de “Madame sans-gêne” !

Scénariste : Damien Marie
Dessinateur : Karl T.
Parution : 22.01.2014
Collection : Hors Collection Vents d’Ouest
Thèmes: Histoire, Action et aventures
Format : 240 x 320 mm
Pages : 64
EAN : 9782749306971

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