South of the Circle est un jeu indépendant narratif émotionnel qui sort des sentiers battus du genre. Longtemps réservé à la fameuse plateforme Apple Arcade…hum… le jeu South of the Circle sort enfin sur d’autres supports, ce n’était pas trop tôt. Vaut-il le détour ?

Testé sur PS4 Pro.

Affiche du jeu avec les personnages

Le jeu est édité par 11bit Studios et développé par le studio State of Play. Le studio est connu pour leurs fabuleux point and click Lume et Lumino City.  Il réalise ici un jeu narratif tout en 3D avec un style graphique minimaliste 2D du plus bel effet, très proche de l'esthétique de Lume et Lumino City. Très émotionnel dans son récit, le jeu prend le risque de se développer autour de la vie de doctorants en pleines recherches d’inspiration, à une époque où tout le monde pouvait être considéré comme un espion…

Les amourettes, les trahisons, les enjeux de carrière durant la rédaction du doctorat sont une expérience rare que South of the Circle dépeint avec justesse, dans une ambiance de guerre froide des années 60, de conflit nucléaire au fin fond de l’antarctique et de misogynie décomplexée des 60’. Tout un programme à rédiger manette en main !

Peter va prendrfe le train

Histoire :

Peter est un doctorant de Cambridge spécialiste en climatologie. Il est en pleine recherche d’inspiration afin de rédiger l’article scientifique de sa vie quand il fait la rencontre de Clara, une jeune doctorante féministe qui va l’aider à s’ouvrir à de nouveaux horizons, quitte à se confronter à des idéaux divergents. Au fil des rendez-vous, ces deux étudiants finissent par se rapprocher avec délicatesse. Mais nous sommes en pleine guerre froide et les espions soviétiques sont partout. D’autre part, les amis et collègues de Peter le poussent à s’éloigner de Clara dans la sphère professionnelle. Tandis que Peter doit prendre la plus grande décision de sa vie, le conflit sur le désarmement nucléaire ambiant va le poursuivre jusqu’en Antarctique, lieu qui va le conduire à devenir enfin un homme et découvrir les sombres secrets des gouvernements dans ces régions reculées …

Crash de l'avion

Gameplay :

Le jeu débute ainsi lors d’un crash en Antarctique dans lequel Peter et son pilote doivent s’en sortir en plein blizzard. Parfait doctorant intellectuel n’ayant que très peu l’expérience du terrain, Peter doit à tout prix trouver de l’aide afin de sauver son pilote blessé. Durant ses trajets, Peter se remémore son enfance, sa relation tumultueuse avec son père qui veut faire de lui un homme, un vrai, sa rencontre et ses aventures avec Clara, l’ultimatum de son directeur de recherche, les conseils de ses amis… L’occasion pour le joueur de découvrir lors de ces phases narratives les souvenirs de Peter qui l'ont mené jusqu'à cette situation.

Peter arrive dans le premier camp
Peter arrive dans le premier camp

Arrivé au premier camp, Peter se rend compte qu’il n’y a plus personne et des traces indiquent la précipitation. Quelque chose de tragique se prépare et Peter doit le découvrir avant qu’il ne soit trop tard… Ce qui sera l’occasion pour le jeu de raconter un récit très bien ficelé aux multiples rebondissements…

Le gameplay de South of the Circle n’est pas vraiment une révolution mais tente une approche émotionnelle pour architecturer un gameplay intéressant autour du souvenir. En effet, lors des phases de narration, le joueur prend peu de décisions, il décide juste de la manière dont Peter se remémore ses souvenirs par le biais de 5 catégories d’émotions définies suivant une couleur et un logo :

  •     Paniqué, perplexe, inquiet
  •     Attentionné, honnête, ouvert
  •     Franc, fervent, affirmatif
  •     Enthousiaste, intéressé, curieux
  •     Pessimiste, Timide, déprimé

Le joueur aura ainsi toujours le choix entre 2 émotions parmi ces 5 catégories pour interagir dans la discussion lorsque cela est demandé. Cela peut paraître assez simple, mais en réalité ce système permet au joueur de véritablement s’immerger dans les émotions de Peter. Un très bon point pour un jeu narratif ! Il y a également des phases de décisions plus rares qui influent davantage sur le scénario.

Déplacement en voiture des neiges

Lors des phases d’exploration, les déplacements de Peter sont le point noir du jeu. Ils sont lourds, Peter marche très bizarrement pour un humain, les interactions avec les décors sont anecdotiques avec très peu de recherche d’objets ou d’indices. La conduite d’engins pour rallier les camps est interminable tout comme la recherche de fréquence radio pour contacter le pilote ou écouter les infos est répétitive à souhait… Heureusement que les phases narratives sont là pour nous sortir du jeu et nous plonger dans l’intimité des protagonistes comme dans un bon film des années 60 !

Peter explore un second camp

Graphismes :

Le style graphique réalisé sur Unity est sublime. Ce rendu 2D tout en aplat nous rappelle merveilleusement Lumino City. Bravo aux développeurs qui ont fait là une recherche artistique de haut vol (visible dans les bonus). Les transitions avec les souvenirs sont également très bien orchestrées. Cependant, le jeu souffre de nombreuses lacunes sur Ps4 Pro en 4K. Techniquement, le jeu ne tourne pas du tout en 60FPS alors qu’il n’affiche vraiment pas grand-chose… Pire, de nombreux bugs de collision, de clipping, de chute de frame rate entachent l’expérience. Ajoutez à cela de diverses fautes d’orthographe et de grammaire dans les sous-titres français et vous obtenez un jeu qui aurait pu être tellement plus immersif ! Dommage pour ces lacunes qui ternissent le jeu alors qu'il est sorti depuis plus de 1 an sur Apple Arcade... Un patch correctif serait le bienvenu à l’occasion de cette ressortie.

Peter devant un bateau
Un espoir

Durée de vie :

La durée de vie du jeu est également un des points noirs de ce dernier. Vendu à 12,99 euros, le jeu se termine en 4.5 heures en prenant son temps. C’est un peu léger pour un jeu narratif, surtout comparé à ce qui se fait ailleurs…Il est possible de refaire le jeu en sélectionnant d’autres options afin d’avoir une histoire au déroulé différent.

Environnement sonore :

Côté environnement sonore, South of the Circle est très bon. Les bruitages sont parfaitement choisis afin de s’intégrer à merveille dans l’ambiance générale des années 60 avec ce côté « SO British ». Les musiques, pour leurs parts, sont très électros et planantes. Elles soutiennent les phases narratives avec brio en se faisant très discrètes, tout en s’intensifiant lors des phases d’explorations en Antarctique pour augmenter le caractère oppressant des découvertes…

Mention spéciale pour les doublages qui sont particulièrement efficaces. Pour cause, des comédiens connus ont prêté leur voix : Gwilym Lee (Bohemian Rhapsody), Olivia Vinall (The Woman In White), Richard Goulding (The Crown), Anton Lesser (Game Of Thrones), Adrian Rawlins (Chernobyl) et Michael Fox (Downtown Abbey).

Clara et Peter sur le port
Clara et Peter

La dernière production de State of Play est à découvrir pour les personnes qui veulent vivre un récit atypique, toujours d’actualité sur la montée des tensions entre pays, loin des zombies et autres fantaisies. Un récit immersif qui puise sa force dans son approche émotionnelle du gameplay et dans son fond historique. Un style minimaliste qui réussit à tenir en haleine, malgré les défauts techniques du jeu, grâce notamment à la qualité du doublage. Une bonne pioche en somme qui fait du bien dans le milieu des jeux narratifs et qui s’adresse aussi bien aux joueurs occasionnels qu’aux curieux amateurs de jeu de genre.

Originalité/Innovation : 8

Gameplay/Jouabilité : 5

Graphimes/Bande son : 8

Durée de vie/Prix : 5

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