RIGO Jules-le baptème de clovis

Jules RIGOT, Le Baptême de Clovis, 1871, Huile sur toile, 0,582 x 0,944 m,Valenciennes, musée des beaux arts, n°P.Y.118
 

Voici l'un des plus étranges baptêmes de Clovis qu'il m'est été donné de voir. Clovis et saint Remy occupent le coin en bas à gauche du tableau, quant à Clotilde, elle est renvoyée en fond de scène, à droite. De là à se dire que le sujet du tableau n'est qu'un prétexte, il n'y a qu'un pas! Mais je m'éloigne là.

Passée ma surprise de trouver un "baptême de Clovis" aussi sensuel, je me suis intéressée à l'oeuvre en elle même.

La première chose qui attire l’œil, ce sont ces femmes en train de se dévêtir, au second plan (non pas que ce soit particulièrement intéressant, mais en peinture, le clair attire toujours le regard avant l'obscur). De ce point de départ, le regard est attiré par la seconde "tache" blanche du tableau, à savoir saint Remy et Clovis (enfin) on reconnait Clovis car c'est le seul à avoir ses longs cheveux défaits (signe de royauté chez les francs). Remy, quant à lui, porte les habits traditionnels de l’Évêque (jusqu'au manipule sur son bras droit). On remarque ici qu'il porte une mitre plate assez proche de celles que portent les ecclésiastiques dans l'hommage à Clovis II.

Je dois avouer qu'en fin de compte, ce qui m'a le plus surprise, c'est que malgré l'apparence exotique de l'oeuvre, le peintre s'est visiblement documenté. Premièrement, aux premiers temps chrétiens, les baptêmes se faisaient par immersion dans une "piscine" (normalement les catéchumènes portent une tunique blanche en lin, mais bon).                                                                                                                                                                                                                                

Ensuite, les costumes des Francs sont plutôt corrects : de longues tuniques colorées avec un manteau au dessus aussi bien pour les hommes dignitaires que pour les femmes. Il est attesté que les femmes de la noblesse mérovingienne portaient une très longue tunique de corps en lin blanc (le plus souvent) assez fine recouverte d'une seconde tunique un peu plus courte, en drap de laine colorée, agrémentée de bandes décoratives en tapisserie et laine,  avec soie à l'encolure et aux poignets. Une sorte de longue écharpe, en laine ou en soie, héritée de la mode romaine, et un voile recouvrant le chignon des femmes mariées. Les soldats portent, pour leur part, des braies assez courtes retenues par des courroies de cuir ou de tissu ; ce n'est pas facile à discerner, des bijoux et leurs longs cheveux sont remontés sur le sommet de leur tête avec la nuque rasée (exactement comme dans les sources romaines). Dans le fond du tableau, on aperçoit des enseignes de type germanique (sorte de dragon) et romaine.

Finalement je dois reconnaître les qualités de cette oeuvre qui m'avaient totalement échappées au premier abord, comme quoi, les détails ont leur importance !!!

Le contenu de cet article est en parti extrait de mon mémoire de master 2 d'Histoire médiévale soutenu à l'Université de Nanterre (ex Paris X)

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