Le harcèlement scolaire est de plus en plus mis en avant, comme le montre le dernier film de Keiichi Hara intitulé Le Château Solitaire dans le Miroir. Gylt nous propose de découvrir les méandres de cette expérience traumatisante que beaucoup trop de jeunes vivent tous les jours et que nombre d’adultes cachent au fond d’eux…

Exclusivité de Google Stadia depuis novembre 2019, Gylt pointe enfin le bout de son nez hors des serveurs de Google pour le bien de tous ! Développé et édité par le studio espagnol très indépendant Tequila Works, connu pour Rime et Deadlight, leur jeu Gylt est une aventure horrifique avec comme trame de fond : le harcèlement scolaire. Ce jeu propose au joueur de vivre une expérience surprenante sur ce sujet, mais qui reste à la portée de tous afin d’apporter un regard intéressant sur le problème.

Testé sur PC Steam

Dans Gylt, le joueur incarne Sally, une jeune fille à la recherche de sa cousine disparue prénommée Emily. Après les cours, Sally est pourchassée par de vilains garnements à vélo. Dans sa fuite, elle se retrouve dans une ville parallèle qui correspond étrangement à la sienne, mais reformulée par un imaginaire cauchemardesque. Dès les premières minutes dans cette ville, elle y aperçoit son école et derrière une fenêtre une silhouette familière…

Gameplay

Pour sa structure principale, Gylt pioche clairement du côté des classiques de l’horreur en y ajoutant des touches personnelles bienvenues. Dans l’ensemble Gylt est un jeu dans lequel il faut explorer une école, son auditorium, ses alentours, sa salle de jeu … En somme, cela ressemble au trajet quotidien d’un écolier. Mais dans ce monde divergent, les monstres sont partout. Pour retrouver sa cousine, Sally doit alors tout faire pour se frayer un chemin dans les couloirs, entre les caisses, les casiers, les mannequins, ou entre les bornes arcades sans se faire repérer…

Des références tout azimut

En découvrant Gylt, on ne peut s’empêcher de penser à Silent Hill car le monde parallèle que traverse Sally semble tout droit sorti des cauchemars de sa cousine Emily… L’école, les rues dans le brouillard, l’ambiance chaotique générale plongent le joueur dans une angoisse qui rappelle ce que l’on a pu ressentir devant Silent Hill. Mais ici, rien de viscéral car le design des maps et des personnages assez cartoon s’associe à merveille avec un level design simple mais efficace, rappelant parfois les films de Tim Burton. Ce qui apporte une certaine fraîcheur innocente propice à l’exploration, mais surtout permet à tout le monde de jouer au jeu sans limite d’âge.

Infiltrations

Au-devant des monstres sortis de nulle part, Sally doit faire attention car elle est asthmatique. Il lui faut trouver régulièrement de la ventoline disséminée un peu partout, sinon c’est la mort assurée. La mort n’est pas rédhibitoire dans le jeu, car de très nombreux checkpoint assurent le coup.

Mais si Sally doit affronter un monstre, elle peut le faire avec sa lampe torche multitâche qui lui offre deux solutions. Premièrement, elle peut viser leurs nombreux points faibles en concentrant un rayon avec sa lampe torche pour les faire exploser. Mais ces derniers sont assez rapides et ne se laissent pas faire facilement… Deuxièmement, elle peut jouer la carte de l’infiltration en jetant une canette ou illuminer une zone au loin pour attirer leur attention et passer doucement derrière eux. C’est à ce moment qu’elle peut leur assener un coup de lampe torche qui les fait exploser d’un coup ! Mais attention, chaque utilisation de la lampe torche pour attaquer consomme de la batterie qu’il faut recharger en trouvant dans le monde des packs de piles. Ces deux méthodes, associées à la recharge de la batterie, sont certes très classiques, mais elles ont le mérite de diversifier le gameplay sans pour autant le rendre unique.

Une chose à souligner dans le gameplay concerne la maniabilité de Sally manette en main. Cette dernière est excellente et répond au quart de tour. De plus, la disposition des touches par défaut est exemplaire. De ce côté-là, l’immersion du joueur via le personnage de Sally se fait immédiatement, contrairement à bon nombre de productions dont Resident Evil, pour ne citer que lui, qui énerve plus qu’autre chose…

Enigmes

Durant son périple, Sally doit résoudre des énigmes comme trouver un moyen d’atteindre un passage en hauteur, éteindre ou allumer un interrupteur à distance, trouver quelques clés, résoudre quelques puzzles… Avec sa super lampe torche, elle peut brûler des yeux monstrueux qui lui barrent la route, réfléchir les rayons sur des miroirs… Des énigmes simples, accessibles aux plus jeunes, mais qui auraient gagné à être en lien avec les différentes références aux harcèlements scolaires qui tapissent les murs des salles de classe.

Le harcèlement dans tout ça ?

En effet, le jeu aurait gagné en profondeur avec des énigmes qui emmènent le joueur vers une exploration des tenants et aboutissants du harcèlement scolaire. Cela aurait abouti à un jeu engagé qui dénonce, à titre informatif, mais qui propose une expérience cathartique beaucoup plus intéressante que ce qui nous est livré dans le jeu actuel. Ici, la souffrance psychologique d’Emily ne sert qu’à dépeindre le monde cauchemardesque que traverse Sally sans jamais aller plus loin dans la psyché ou prendre à bras le corps le problème du harcèlement à l’école…

Graphisme :

Graphiquement, Gylt n’est pas le jeu le plus beau, mais il a un certain charme qui lui est propre. Très vite, on s'attache à Sally et sa petite bouille innocente que l’on a envie d’aider. Le design cartoon du jeu est vraiment réussi, les montres sont révulsants mais stylisés, les décors nous ramènent à notre enfance. En somme du tout bon graphiquement, surtout lorsque le jeu tourne parfaitement en 1080p à 60fps en High sur une machine type Steamdeck. On ne peut que saluer le travail des développeurs pour rendre l’univers du jeu parfaitement en accord avec le monde horrifique et cauchemardesque digne des contes de Grimm.

Durée de vie :

Gylt n’est pas un jeu très difficile dans la mesure où il est très dirigiste. Mis à part la quête des cristaux pour  libérer des âmes et récupérer de vieux tickets, il n’y a pas de quêtes annexes. Comptez en moyenne 6 à 8 heures pour terminer les jeux suivant votre implication dans l’exploration des maps…

Environnement sonore :

Pour accompagner l’environnement stylisé et immersif du jeu, le sound design est lui aussi très réussi. Que ce soit les musiques ou les différents bruitages, le travail réalisé sur le son nous plonge littéralement dans le monde de Gylt. Petit plus non négligeable, le jeu est entièrement doublé en français et le doublage n’a pas à rougir des grosses productions.

Gylt est une aventure touchante et prenante qui se déguste intensément. Son personnage principal, Sally, est une âme pleine de volonté que l’on aime à faire grandir dans le jeu. Très bien réalisé, Gylt jouit d’une excellente recherche graphique ainsi qu’un sound design soigné pour immerger tout de suite le joueur dans son univers. Mais le jeu souffre d’une structure de gameplay classique qui ne prend pas assez de risques vis-à-vis de son sujet, ainsi qu’une durée de vie trop  courte qui l’empêche d’approfondir le sujet du harcèlement scolaire à sa juste valeur. Pour 19,99 euros, le jeu justifie son prix. Si vous êtes fan de jeux d’horreur « mignons », c’est une expérience indéniable à découvrir si vous voulez « introduire » votre enfant au problème du harcèlement scolaire !

Originalité/Innovation : 9
Gameplay/Jouabilité : 9
Graphimes/Bande son : 9
Durée de vie/Prix : 7

Note : 85/100

Retour à l'accueil