Le 6 mars 2019, à quelques jours du triste anniversaire de la catastrophe de Fukushima survenue le 11 mars 2011, sort dans les salles françaises Fukushima Le couvercle du Soleil de Futoshi Sato. Un film qui retrace les cinq jours qui ont suivi le tremblement de terre, le tsunami et surtout la catastrophe nucléaire survenue dans la centrale Dai Ichi Fukushima dans le Tohoku. Catastrophe qui aurait pu faire basculer l’avenir du Japon. 


Le 11 mars 2011, un tremblement de terre survient non loin des côtes Est du Japon. D’une magnitude de 9.0, il est déjà exceptionnel par son ampleur, il s’accompagne d’un terrifiant tsunami et fragilise dangereusement la centrale nucléaire de la ville de Fukushima. Pendant 5 jours, le Japon et ses habitants vont vivre la pire crise depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale. Le premier ministre et son cabinet sont au coeur de la crise, aussi inédite que mortelle. 


Entre documentaire et fiction 

Entre documentaire et fiction, le film est une adaptation du livre La crise nucléaire - Un témoignage depuis la Résidence du Premier Ministre de Testuro Fukuyama. Le producteur Tamiyoshi Tachibana, un proche de M. Kan, et le réalisateur ont opté pour un film chorale dont le point central est la résidence du Premier Ministre où politiciens, représentants de l’entreprise gérante de Fukushima et journalistes tentent de savoir ce qui se passe dans la centrale isolée. Parallèlement, l’on suit la famille d’un journaliste vivant à Tokyo et une autre famille de la région du Tohoku dont le jeune fils travaille à la centrale. 

Pour les différents protagonistes, dont certains sont représentés sous leur vrai nom, la tension est palpable pour différentes raisons. Entre manque d’informations, situation sans précédent dans le monde, choix cornéliens, question de survie et devoir, chacun est confronté à des interrogations qui questionnent son humanité, sa peur et ses responsabilités. 

Certains événements sont racontés selon les souvenirs de M. Fukuyama, directeur adjoint du cabinet du premier ministre de l’époque, d’autres ont dû être inventés pour les besoins du film, en particulier le personnage du journaliste Nabeshima. De ce point de vue, le producteur, M. Tachibana, tente de réparer l’injustice qui a été faite à son ami, l’ex-Premier Ministre Kan, accusé par les médias et déprécié par l'opinion publique. Il tente ainsi de justifier la manière dont a été gérée la crise par le gouvernement en manque total de visibilité, et charge lourdement la compagnie Tobi où l’on reconnaîtra aisément Tepco.  


Une charge anti-nucléaire 

Fukushima Le couvercle du soleil est également un film qui prône l’arrêt de l’usage du nucléaire dans la production énergétique. En 2011, le Japon possédait 18 centrales et 54 réacteurs actifs, soit un nombre très semblable à la France avec ses 19 centrales et 58 réacteurs toujours en activité. Si l'énergie nucléaire est présentée depuis de nombreuses années comme sûre et moins polluante que l’usage d'énergies fossiles, l’on voit bien quelles en sont les limites et surtout les dangers lorsqu’un événement imprévisible survient. 

L'énergie nucléaire peut rapidement devenir instable et dangereuse. Au pire de la crise, il a été envisagé de déplacer 50 millions de personnes dans un périmètre de 250 km autour de la centrale, et en cas d'exposition des réacteurs, ce qui n’est heureusement pas arrivé, l’ensemble du pays aurait été touché par la radioactivité, soit 120 millions de personnes. Depuis les terribles événements, il reste 9 réacteurs actifs dans tout l’archipel, mais 3 nouveaux sont en construction alors que 70% de la population japonaise est contre l’énergie atomique. Il y a actuellement plus de 100 000 personnes déplacées du Tohoku. Pour ceux qui y sont toujours, l’on y enregistre des taux records de cancer de la thyroïde, une forte augmentation des cas de leucémie et un augmentation des cancers du poumon, ce qui n’est pas sans rappeler les chiffres enregistrés à Hiroshima et Nagasaki après les explosions atomiques des 6 et 9 août 1945. Les répercussions des deux bombardements ont touché les populations au-delà de la troisième génération, quand bien même la radioactivité des deux villes est retombée à un niveau normal depuis quelques décennies déjà. Donc, contrairement à ce qu’à affirmé le gouvernement japonais, l’affaire n’est pas close et aura des répercussions pendant de nombreuses années encore sur la population de la région. 


La responsabilité de la compagnie électrique de l’est du Japon est aussi clairement montrée du doigt. Entre rétention de l’information, erreurs successives et minimisation de la situation, chacun se demande ce qui se serait passé si la compagnie avait pleinement coopéré avec le gouvernement ? 

Si l’on ôte les questions politiques directement liées au Japon, Fukushima le couvercle du soleil pose clairement la question des risques de l’usage de l'énergie nucléaire et des normes de sécurité, ainsi que la préparation face aux catastrophes possibles. Le film rappelle l’épée de Damoclès que nous avons, consciemment ou pas, choisie pour répondre à nos besoins en énergie électrique et notre confort moderne de plus en plus énergivore. Ce film, sorti en 2016, arrive aujourd’hui en France et pousse à la réflexion alors que la question de la construction de nouveaux EPR ainsi que la prolongation de l’usage d’anciens réacteurs sont actuellement à l’étude. 

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