Exclusivité Netflix, la mini-série Vampire in the Garden réalisée par Ryotaro Makihara (Empire of Corpses) au sein de Wit Studio est une des surprises de cette année. En cinq épisodes d’environ 25 minutes, Vampire in the Garden aborde de nombreux sujets et propose un road trip féminin aussi musical que sanglant.

Dans un futur sombre et gelé les humains vivent dans des cités-états militaristes et autoritaires. Retranché derrière de hauts murs et protégé par des projecteurs lumineux, chacun, dès son plus jeune âge, est enrôlé dans l’armée et doit se soumettre à des règles très strictes. Cette morne vie est due à la guerre qui fait rage depuis bien longtemps contre les vampires avides de sang humain.  

C’est dans ce cadre que Momo, 14 ans, fille unique de la dirigeante des armées, trouve en jour, lors d’une patrouille, une boîte à musique. Bien que la musique ou toute forme d’art soit prohibée, elle est fascinée par la mélodie et décide de conserver la boîte, ce qui irrite passablement sa mère. Cette femme d’un abord brutal et inflexible n’est pourtant pas mauvaise en soi. A plusieurs reprises elle tente de protéger sa fille, même au risque de sa position hiérarchique ou de sa vie, mais sans savoir communiquer avec elle, ses efforts sont vains.

La sonate de l’amitié

La vie de Momo bascule en une nuit alors que les vampires sont sur le point d’envahir la ville. Sa meilleure amie et toute son escouade sont tuées sous ses yeux et elle ne doit sa survie qu'à sa rencontre avec Fine, la reine des vampires, attirée par sa chanson.

Débute entre les deux femmes un lien un peu plus qu’amical autour de la musique et de la soif de liberté. Car c’est bien la musique et sa capacité de toucher au cœur de chacun qui est le fil conducteur de leur relation initiale.  

Je veux être libre

Fine est une reine vampire qui, après de trop longues années de règne contraignant, aspire à se retrouver et à profiter de sa liberté au grand dam de son ami d’enfance Allegro et du grand conseil vampire.  

De son côté Momo, qui semblait être une adolescente placide, rêve également de liberté et d’aventures loin de sa vie morne et étriquée dans sa ville caserne.

Les deux jeunes femmes, toujours plus complices, se lancent tel Thelma et Louise sur les routes gelées alors que chacune est poursuivie par sa faction. Leur but ultime, vivre libres et heureuses dans le paradis mythologique où humains et vampires vivent en paix et en musique.

Et la tolérance dans tout ça ?  

Cette relation basée sur l’échange, la confiance et la complicité presque romantique entre une jeune humaine et une puissante reine vampire a tout de l’ode à la tolérance. Momo apprend beaucoup de Fine qui, quant à elle, semble avoir une inclinaison particulière pour les humaines comme le montrent les nombreux flash-back.

Cependant, autour d’elles, que ce soit chez les humains ou les vampires, la même haine ronge les âmes. Il semble alors que ce duo pourrait être le phare réconciliateur qui guide les deux espèces vers la fin de cette longue nuit meurtrière. Et bien non ! Pas de leçon de morale ici, les deux héroïnes vivent pour elles-mêmes sans se soucier de demain ou de leurs proches.

Plus encore, quand Momo a l’occasion de partager sa vision et ses expériences avec les siens, elle se détourne d’eux sans remord et les laisse dans leur peine et leur amertume.

Techniquement la série est vraiment jolie avec un premier épisode digne d’un film. La suite est un chouya en dessous mais reste excellente. La bande son mérite également une attention particulière allant d’un style à l’autre.

Dans le long cheminement dans ce monde désenchanté à la recherche d’un mythique paradis, la référence à Wolf Rain est frappante. Paysages enneigés crépusculaires, lambeaux d’une civilisation perdue, noblesse (vampires) perdue dans les bals et l’alcool. Mais la comparaison s’arrête là. Le développement réduit à cinq épisodes ne peut permettre une telle profondeur scénaristique et laisse un goût amer d’inachevé. S'il semblait possible dans un premier temps de s’attacher à cette jeune héroïne combative et transgressive, ce sentiment se dilue à mesure que la jeune fille se révèle égoïste et immature en mode "après moi le déluge". La fin ne devait pas nécessairement être morale, mais elle devait au moins essayer d’avancer car, en fin de compte, les lignes n’ont pas bougé d’un centimètre et il ne reste qu’un “tout ça pour ça …"!

 

Netflix

5 x 25 minutes

Drame, Action, Fantastique

Ryotaro Makihara (Wit studio)

16/05/2022

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