Disponible sur Netflix depuis le 8 février 2022, soit seulement quatre mois après sa sortie dans les cinémas japonais, L’Enfant du mois de Kamiari, réalisé par Takana Shirai, propose un scénario original mais une réalisation plan plan qui laisse sur sa faim.

Deux thématiques s’entrechoquent à toute allure dans un temps suspendu. L’Enfant du mois de Kamiari est un film de paradoxes, lent dans la rapidité, coloré dans le deuil.

Affiche du film

Le destin de Kana sous ses pas

Le spectateur découvre le destin de la jeune Kanna qui, à 12 ans, se découvre messagère des dieux issus de la religion Shinto. La petite fille, sans perspective depuis le décès de sa mère un an auparavant, découvre par hasard qu’elle est la descendante d’une famille un peu spéciale, capable, grâce à un artefact magique, de courir plus vite que le temps lui-même pour livrer les mets confiés par les divinités de chaque région pour le banquet annuel des 8 000 dieux du panthéon shinto qui se réunissent chaque année au mois d’octobre dans le grand sanctuaire d’Izumo afin de décider du destin des Hommes et des moissons.

L'Enfant du Mois de Kamiari - La mère de Kana
L'Enfant du Mois de Kamiari - La mère de Kana

Surprise d’apprendre la mission secrète de sa mère, Kanna est un temps réticente à l’idée de reprendre le flambeau. Mais sa rencontre avec Shiro le lapin, une divinité inférieure qui lui sert de guide et Yasha, un jeune démon bien décidé à la surpasser pour récupérer sa charge mystique, change la donne, d’autant que la petite fille espère pouvoir revoir sa défunte mère au banquet céleste. Elle se met alors en route et rallie les différents temples du pays pour recevoir les offrandes. Elle découvre tout un monde coloré à mille lieux de son quotidien morose. Bien entendu, son chemin est semé d’embûches qui la poussent à se remettre en question et testent sa détermination.

L'Enfant du Mois de Kamiari - Kana face au grand dragon célèste
L'Enfant du Mois de Kamiari - Kana face au grand dragon célèste

Visuellement joli mais une impression étrange

Le film livre un scenario original et plein de fraîcheur. Cependant, une réalisation un peu tiède empêche de plonger pleinement dans cette quête initiatique. Rappelons qu’il s’agit de la première réalisation de Tanaka Shirai. Kanna et ses compagnons traversent des paysages très agréables visuellement mais dans un montage décousu, surtout pour les personnes étrangères à la géographie des temples japonais. Ajoutons que le « temps suspendu » fait que les éléments de décor ne sont pas animés, ce qui se justifie totalement par le scénario mais rend l’ensemble moins vivant et provoque quelques bizarreries : à un moment, ils se reposent près d’un feu statique alors que la nuit tombe, le temps des mortels étant infiniment plus lent pour les personnages, comment ont-ils allumé le feu et celui-ci ne peut pas produire de chaleur perceptible pour eux dans ce cas, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

La relation entre Kanna et Yasha est assez intéressante bien que prévisible. L’antagoniste mystérieux est intéressant bien qu’il eût été profitable de le développer davantage pour offrir plus de profondeur au récit. La question du deuil traité avec délicatesse est le véritable point fort du film avec les différentes phases vécues par la jeune héroïne.

L'Enfant du Mois de Kamiari - Shiro (gauche) Kana (centre) et Yasha (droite) en pleine course
L'Enfant du Mois de Kamiari - Shiro (g) Kana (c) et Yasha (d)

L’enfant du mois de Kamiari est un film sympathique qui permet d’aborder l’un des mythes les plus sacrés de la religion shintoïste mais également de se rapprocher de l’échelle humaine et de ses affres avec la jeune Kanna qui doit accomplir son devoir malgré les doutes et la douleur. Elle doit se dépasser à chaque instant et finalement trouver sa voie en suivant celle de sa mère. Kanna semble cependant plus accepter son destin que le choisir, ce qui est un peu dérangeant à la réflexion, le film tombant dans le déterminisme bien loin de l’esprit de liberté prôné par le voyage et la course à pied. En résumé, ce film se laisse regarder, en particulier en famille avec un jeune public, mais manque de liant et de profondeur pour les amateurs de scénario raffiné. Pour ma part, j'ai dû regarder le film en deux fois car je me suis endormie au milieu.

Titre original : Kamiarizuki no Kodomo

Réalisation : Takana Shirai

Studio : Liden Films

Genre : fantastique, deuil, religion

Durée : 99 minutes

Dates de sortie : 8 février 2022

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