Après un petit voyage de découverte de trois jours à Leeuwarden cet été, je suis retournée en Hollande pour une journée de découvertes arty. Le matin, je me suis rendue à La Haye voir la collection Mesdag et l'après-midi rendez-vous au Van Gogh Museum pour voir l'exposition Gauguin et Laval en Martinique. 

La collection Mesdag

La ville de La Haye, internationalement connue pour son tribunal international et ses institutions politiques, est l'une des villes les plus bourgeoises de Hollande. C'est là que se situe le musée Mesdag, un ravissant musée regroupant des œuvres de peintres célèbres tels Corot, Courbet et Israël, mais également Mesdag.

Ce peintre de marines hollandais, friand de peinture Française de la fin du XIXe siècle, est connu pour son impressionnante collection. Il avait également un intérêt pour les poteries et les vases d'Orient notamment de la Chine et du Japon que l'on retrouve dans tout le bâtiment.
De même, il a entretenu une correspondance soutenue avec le peintre italien Antonio Mancini dont il possède de nombreuses œuvres de grande qualité.

Mestag et particulièrement connu pour ses peintures de panoramas, très populaires au XIXe siècle. Aujourd'hui, un seul de ses panoramas est toujours préservé et visible par le public, une vraie rareté! En effet, au XIXe siècle, les panoramas étaient considérés comme un art populaire et les toiles n’ont ainsi pas été conservées au fil du temps. C'est aujourd'hui l'un des rares témoignages de la ville de l'époque, d’une précision sidérante sur 360 degrés (le panorama ne se trouve pas dans le musée, mais dans un bâtiment proche j'aimerai bien le voir une prochaine fois).

Actuellement et jusqu'à début janvier, les collections permanentes de ce petit musée accueillent une sélection d’œuvres contemporaines : The Sensation of the Sea ayant trait à la mer, rappelant sa vocation de peintre de marines.
Le bâtiment lui-même conserve de nombreuses traces de son histoire et du goût de l'époque, avec une restauration qui a mis en lumière boiseries et tentures. Côté jardin, l'on dispose d'une magnifique vue. 

Ainsi, la collection Mesdag propose un très beau panorama de la création européenne de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Lieu de création, l'on y retrouve une atmosphère typique des maisons bourgeoise de l'époque. Un charmant voyage dans le temps. 

Pour le midi, déjeuner nourrissant dans un joli petit restaurant situé sur la place toute proche. Au menu, une salade composée et deux mini-sandwichs. C'était très bon.   

Gauguin et Laval en Martinique

Du 5 octobre 2018 au 13 janvier 2019, le musée Van Gogh d'Amsterdam propose une exposition au sujet original : le voyage de Gauguin et Laval en Martinique en 1887. Cette exposition permet d'aborder une période trop peu étudiée de la carrière des deux artistes pourtant déterminante pour la suite de leurs recherches artistiques respectives.

De dimension réduite, l'exposition propose de retrouver pas moins de 15 œuvres, peintures et croquis issus du voyage de Gauguin et Laval en Martinique, ce qui constitue la plus grosse collection publique sur cette période artistique des deux artistes. Ce noyau de collection est complété par de nombreux prêts publics et privés (surtout privés). 
Sont présentés conjointement les toiles et les croquis, mais également trois des quatre éventails peints par Gauguin lors de son séjour de quatre mois en Martinique.

Paul Gauguin, 'Martinican Women', 1887, Pencil, black chalk and pastel on paper, 49 × 63.5 cm, private collection

Fruit de plusieurs années de recherches, cette exposition est la première et la plus grande par son ampleur à traiter de cette période particulière. Ainsi, on remarque des similitudes et une émulation entre les deux artistes, notamment dans l'usage des aplats de couleurs vives et des représentations de scènes indolentes de la vie insulaire. On remarque que Gauguin, pour composer ses grandes toiles, regroupait plusieurs croquis ou des motifs issus de toiles antérieures. Il est ainsi de notoriété publique que Gauguin a utilisé pas moins de trois carnets de croquis lors de son séjour de quatre mois en Martinique. Dès son retour, Théo et Vincent Van Gogh se sont entichés de son travail et lui ont acheté une toile et des croquis lui assurant un début de notoriété. Théo Van Gogh est même devenu son marchand attitré. Gauguin et Van Gogh ont entretenu pendant de longues années une correspondance amicale, jusqu’à la fin tragique du hollandais.

De son côté Laval, bien que moins connu, a développé un style propre, plus dynamique que Gauguin. Pendant longtemps on a pensé que Laval s’était inspiré de Gauguin et était plus un suiveur, alors que les dernières études montrent qu'il n'en est rien et qu'il s'agit d'une véritable émulation entre les deux artistes. Laval est resté près d'un an en Martinique et s'est particulièrement intéressé à la vie locale.

Gauguin et Laval se sont en effet rendus en Martinique afin de fuir les mondanités parisiennes et de se trouver un paradis perdu. Baignées d'un imaginaire colonial, les scènes représentées évoquent une douceur de vivre et une nonchalance qui ne reflétaient en rien le quotidien des personnes travaillant dans les plantations de canne à sucre ou de mangues, alors que l'esclavage avait été aboli peu d'années auparavant, en 1848.

Avec un sujet aussi intéressant et innovant, j'attendais beaucoup de cette exposition du Musée Van Gogh d'Amsterdam. Hélas, quelques manques se font ressentir, notamment dans la contextualisation non explicite de la création des œuvres et de la situation culturelle de la Martinique française à cette époque. Rappelons qu’il s’agit d'un public international, pas forcément habitué à l'histoire française, qui va venir admirer ces toiles. Côté scénographie, j’ai apprécié l'aspect clair et aéré de l'ensemble ainsi que le fait d'avoir en regard l’oeuvre et son croquis. Lors de leur séjour commun, Laval et Gauguin ont produit pas moins de 20 toiles peintes et un grand nombre de croquis et d'aquarelles, ainsi que de nombreuses lettres. Plusieurs de ces aquarelles et lettres complètent la présentation, ainsi que des œuvres de mobilier, des peintures, des sculptures et des céramiques qui attestent de la postérité des œuvres exotiques de Martinique lors des années suivant le voyage.
Mise à part la section sur la postérité de cet art exotique, le reste de l'exposition ne présente pas particulièrement de thématiques, laissant le public déambuler dans les grands espaces. A ce titre, certaines œuvres, pour des raisons de conservation préventive, sont placées sous un éclairage très limité alors que certaines toiles auraient mérité un peu plus de luminosité pour être appréciées à leur juste valeur.

Ainsi, l’exposition Gauguin et Laval en Martinique au van Gogh Museum d'Amsterdam propose de très belles œuvres réunies pour la première fois, voire, pour certaines, jamais montrées au public, ce qui justifie amplement de faire le déplacement. Autre point positif, cette exposition met en lumière une période peu connue du travail de Gauguin avant sa période tahitienne, et montre les prémices de sa recherche artistique. 

Une dernière chose, grâce à un partenariat entre Thalys et le Van Gogh Museum, si vous montrez votre billet de Thalys à l'entrée du musée, vous aurez une réduction sur votre billet d'entrée avec tour multimédia pour la collection permanente.

Je suis rentrée à Paris, ravie par ce périple. J'ai très envie de retourner dans ces deux villes si l'occasion se présente. 

Une journée en Hollande
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