Le musée de Cluny est emblématique non seulement pour ses œuvres iconiques telle la Dame à la licorne, mais également pour son architecture atypique entre ruines antiques et palais urbain de la fin du moyen âge. Cet ensemble exceptionnel est aujourd’hui en pleine restauration, je dirai même plus, en pleine renaissance !

Fort de près de 20 millions d’euros investis par différents organismes, le chantier de Cluny 4 propose une restauration de la partie antique, un renouvellement du parcours scénographique mais surtout, la création d’un nouveau pavillon d’entrée répondant à toutes les normes actuelles d’accueil du public.

Un chantier nécessaire

Les travaux prévus sur 4 ans, de 2016 à 2020, sont organisés en plusieurs parties : la restauration des vestiges des thermes Romains qui, exposées aux conditions climatiques et à la pollution, se dégradaient. La dernière restauration remontant à plus de 30 ans, cette opération était urgente. D’autre part, outre quelques renouvellements de salles, le musée de Cluny n’a pas bénéficié de rénovations d’envergure depuis les années 1950. C’est l’architecte en charge des monuments nationaux, monsieur Paul Barnoud architecte en chef des Monuments Historiques, qui est chargé de ce chantier. Les enduits noircis par le temps ont été traités par micro abrasion. Les murs ont été consolidés. L’annexe romaine, également restaurée, pourra bientôt être réouverte au public.

Une partie des anciens thermes va également être inclus dans le parcours de visite. Le parcours scénographique va également être repensé avec l’ajout d’une nouvelle entrée, une accessibilité aux personnes à mobilité réduite, une salle d’actualités, une librairie, etc.

Bonne nouvelle pour les amateurs de jardins. Le jardin des abbés, fermé depuis 2014, sera également consolidé et restauré

Un pavillon à l’architecture surprenante

Le nouveau pavillon, justement construit par l’architecte Bernard Desmoulin, est très intéressant du point de vue technique. Construite sur quatre piliers seulement, pour éviter de trop empiéter sur la partie antique, la structure est comme suspendue par la toiture. Le bâtiment s’étend sur une surface au sol de 250m² et trois niveaux. Béton, bois et pierre volcanique se répondent dans un espace lumineux. L’on note par endroits des citations de l’architecture antique avec l’alternance de briques et de moellons.

Construite principalement en béton, sa façade est recouverte de plaques métalliques moulées à la main et reprend par endroit des motifs médiévaux issus de la chapelle gothique du musée. De larges baies s’ouvrent sur les vestiges antiques.

Pour mener à bien ce projet d’envergure, plusieurs phases de fermeture totale sont prévues du 1er mars à mi-juillet 2018, puis en mars et avril 2019 et lors de l’hiver 2019-2020. Entre temps, plusieurs expositions sont prévues.

Ainsi, le musée de Cluny est en bonne voie pour figurer dans les musées du XXIe siècle. Connu pour son architecture composite, ce nouvel accueil, on l’espère, offrira un nouvel atout visuel à l’ensemble. Il était aussi grand temps qu’un musée aussi important d’un point de vue historique bénéficie de parcours et de moyens d’accueils adaptés aux personnes à mobilité réduite.

Chantier du nouvel accueil, vue extérieure Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge Février 2018 © Alexandra Lebon / Alexis Paoli / Oppic

Pour ma part, je suis très curieuse de voir terminé le nouveau visage de ce bâtiment que j’aime temps. J’attends beaucoup de la nouvelle scénographie et de la possibilité de visiter de nouveaux lieux comme la salle des enduits. Je me réjouis également de la réouverture du jardin des abbés que j’affectionne particulièrement, et de la présence d’une nouvelle salle d’exposition temporaire.

Visuels : toutes les photo viennent du site du musée de Cluny

Mise à jour (15 mai 2019) 

Avec l’avancement des très gros travaux du Musée de Cluny, qui se termineront au printemps 2021 (avec la réouverture de mes chers jardins), le musée va passer de 0% accessible aux PMR à 100% accessible. Si les nouveaux espaces muséographiques sont déjà aux normes, notamment avec la construction du nouveau pavillon d’accueil de plain- pied, la création d’un ascenseur reliant le frigidarium au Rez-de-Chaussée et au premier étage,cependant, la mise au norme dans la partie historique s’avère plus compliquée dans la mesure où il faut préserver certains vestiges archéologiques et ne pas percer n’importe où. 

Afin de mettre en évidence les points de circulation posant problèmes, le Musée de Cluny s’est adressé à divers partenaires dont la Fondation EDF et Emissive qui, avec le projet Virtual Fauteuil, ont entièrement numérisé les différentes zones du musée pour en faire une restitution 3D. Puis, à l’aide d’un fauteuil roulant connecté à une plate-forme, identifier les différentes zones de travaux à effectuer. Il s’agit d’une première mondiale, non seulement en ce qui concerne la modélisation complète d’un Musée, mais également dans l’usage d’un outil de réalité virtuelle afin d’améliorer les circulations et d’adapter la scénographie. 

Si le musée de Cluny dispose d’un charme et d’un intérêt indéniable grâce à ses bâtiments antiques et médiévaux, il y a également beaucoup de ruptures de niveaux matérialisés par quelques marches de-ci de-là. La rénovation des espaces muséographiques est donc un véritable défi pour permettre à ce “petit” musée national d’être aux normes légales en ce qui concerne les visiteurs présentant des difficultés de déplacement. 

J’attends avec impatience de découvrir cette refonte muséographique. En effet, je suis personnellement très sensible à ce type de problématiques et j’ai déjà étudié de quelle manière le Musée du Louvre accueille ses visiteurs présentant différents types de handicaps. 

Visuels : (C) Sandra B. 

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