Jusqu’au 30 janvier 2020, le Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce accueille une exposition de photographies de Raymond Depardon prises pendant son service militaire entre juillet 1962 et août 1963. 

L’armée qui fait rêver

Pendant son service militaire, Raymond Depardon a été intégré au service de presse de l’armée. Ainsi, en une année, il va parcourir la France et réaliser une cinquantaine de reportages pour le TAM, le magazine Terre Air Mer édité par l’armée. Dans le cadre troublé de la guerre d’Algérie, le magazine TAM entend promouvoir l’armée, la rendre dynamique, jeune, sportive, recréer du lien avec la population et faire rêver les plus jeunes. Le magazine est surnommé le Paris Match militaire. 

L’on voit ainsi des troupes de choc de parachutistes en plein entraînement dans des parcours d’audace vertigineux, des avions de chasse porte étendard sur un porte avions, mais aussi des manœuvres conjointes avec des pays alliés. 
L’armée organise aussi des opérations séduction comme des journées portes ouvertes au public qui se presse nombreux. 

Plus surprenant, le reportage dans l’École des enfants de troupe d’Aix-en-Provence où les petits garçons destinés à devenir officiers apprennent les stratégies militaires, les caractéristiques des avions et pratiquent assidûment le sport. Ici, il y a une plus grande proximité avec les sujets immortalisés. 

La construction d’un regard

L’exposition met aussi en lumière la construction du regard de photographe. Alors qu’il a à peine 20 ans, Raymond Depardon muni de son Rolleiflex maîtrise déjà différents formats : paysages, portraits, photographies sportives. Il affectionne les sujets vivants, les instantanés pris sur le vif plutôt que des sujets mis en scène. 

Les cadrages sont particuliers, de plus en plus distanciés, avec un regard documentaire et réaliste, mais également poétique. Peu de photographies couleur sont présentées. Elle contrastent avec le reste de la présentation. 

La redécouverte et la mise en valeur d’un fond

Plus jamais montrées depuis leur publication, les photographies présentées ont été sélectionnées parmi les 2 000 clichés réalisés pendant le service militaire de Depardon. Conservées dans leur format original 6x6 cm et 24x36 mm sur des pellicules souples, c’est un très important travail de sélection qui a été opéré.  

La centaine de clichés aujourd’hui présentés dans le cloître du Val-de-Grâce on été tirés spécialement pour l’occasion sur Diblon afin d’offrir une présentation sans vitrine. Plusieurs tests chimiques ont été opérés pour arriver à un résultat au plus proche de l’original. 

La scénographie est dépouillée. Les tirages sont accrochés deux par deux sous les arches du cloître imposant, leurs cartels sont placés sur la gauche, en toute discrétion. Chaque zone est matérialisée par une borne où l’on trouve un petit texte explicatif bilingue. En fin de parcours, un écran diffuse des interviews. 

Cette exposition offre la possibilité de découvrir la construction du regard du célèbre photographe et vidéaste dans un cadre grandiose. La sélection de photographies oscille entre les images chocs et d’autres plus anecdotiques, mais surtout, ce sont des clichés rares que beaucoup d’entre nous n’ont jamais vus et présentant une image fraîche et dynamique de la France du début des années 1960. 

Raymond Depardon photographe de guerre 1962-1963 au Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce jusqu’au 30 janvier 2020
Raymond Depardon photographe de guerre 1962-1963 au Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce jusqu’au 30 janvier 2020
Raymond Depardon photographe de guerre 1962-1963 au Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce jusqu’au 30 janvier 2020
Raymond Depardon photographe de guerre 1962-1963 au Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce jusqu’au 30 janvier 2020
Raymond Depardon photographe de guerre 1962-1963 au Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce jusqu’au 30 janvier 2020
Raymond Depardon photographe de guerre 1962-1963 au Musée du Service de santé des Armées du Val-De-Grâce jusqu’au 30 janvier 2020
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