Je vais un peu m'éloigner de mes articles habituels pour m'intéresser à la presse feminine en général, Ma cogitation a débuté le mardi 31 mai 2011 (hé oui c'est précis) quand, sur France Inter, une émission de société s'intéressait à l'évolution de la presse pour adolescentes et jeunes femmes. La journaliste et ses invités semblaient insinuer que cette presse était un vecteur de la libération de la femme et de l'évolution des moeurs depuis la fin des années 1960-1970, en abordant des questions de fond tels que le travail, la scolarité, la sexualité....

 

Autant vous le dire tout de suite, en me remémorant mes lectures d'ado je n'ai pas du tout été convaincue. Concenant la scolarité, c'est toujours les poncifs sur les profs ringards et les bienfaits des fêtes entre amis, mais surtout le très grand nombre de modes d'emploi pour devenir "le reine du lycée"! Concernant la sexo, qui avec la mode, constitue le vrai fond de commerce de ces publications, les articles alternent entre soumissions (pour  séduire le garçon de ses rêves) ou domination (une fois que c'est fait), tout est évoqué sans tabou alors que le lectorat  est encore bien jeune (à partir de 13 ans, le collège quoi) et, cerise sur le gâteau, la contraception n'est presque jamais évoquée, et le planning familial, connait pas.

 

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Enfin, la vie active, n'est pas non plus le sujet, pas un article sur une femme qui a réussi, ni sur les perspectives de carrières en fonction de ses études, ... L'orientation, ça concerne les parents et les conseillers d'éducation (mof), 20 mn par élève sans connaitre le dossier scolaire... Pour celles qui sont mises l'écart, la violence psychologique, ect... rien! Ça doit être trop compliqué pour cette tranche d'âge (j'ai trouvé un article dans le J&J d'octobre 2007 sur l'orientation des jeunes, dans les archives internet, comme récompense de ce début changement, les ventes ont progressivement chuté et le mag s'est arrêté début 2010).

 

750498d318f4c0ef 1a Julia Restoin Roitfeld In Grazia France

Ils ont beau dire, dans chaque numéro, qu'il faut garder sa personnalité, c'est immédiatement contredit par le reste des articles qui nous apprend à se fondre dans le moule de la fille sympa : fashionista, fêtarde et nympho... une fille équilibrée et normale quoi!

 

cosmo avril 2011

Une fois que cette pétasse de première sort de l'âge ingrat, il n'y a que deux solutions : elle murit (happy end), elle persiste et passe à la presse feminine adulte où elle trouve des articles sur la mode (souvent hors de prix), sur la sexo et ses tendances (même pour ça il y a des modes maintenant), de la psycho (pourquoi mon couple bat de l'aile? => c'est sur que s'il n'y a plus que le sexe comme rustine ça ne peut pas aller bien loin, et il faut aussi se souvenir que "qui se ressemble s'assemble" mais aussi s'ennuie enssemble). Pour la santé, c'est le régime ou le sport à la mode, quant au travail, c'est souvent inepte.

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Devant ce portrait à charge de la presse feminine, il ne faudrait pas penser que tout est à jeter (dans mes J&J , ma rubrique préférée c'était celle qui proposait de faire 3 tenues sympa avec 5 vêtements de base et quelques accessoires). Je remarque juste (et ça n'engage que moi) que ce type de magazines sensé répondre et devancer les questions de ses lectrices, loin de proposer à la femme de s'épanouir dans la diversité, l'enferme dans de vieux carquants d'il y a trente ans, à peine rafraichis par des gloss tendance. D'autre part, tous ces magazines se ressemblent, tant sur la forme que sur le font (il n'y a qu'a regarder les couvertures). Ce qu'il manque vraiment à la presse feminine c'est une refonte généralisée qui propose du contenu pour tous les goûts et qui implique une certaine variété. Plusieurs de mes amies m'ont déjà dit "moi à la plage, je mets mon cerveau sur off et je sors mes magazines".   agyness-deyn-elle-france  cosmo mars 2011   be

Je souligne également que les garçons aussi, à l'adolescence, se posent beaucoup de questions, mais qu'on ne les abreuve pas, de concepts aussi rétrogrades que ceux imposés aux filles. Mais, signe que les temps changent, la presse masculine de "société" se développe rapidement, basé sur les mêmes recettes... ce qui n'est pas bon signe. 

Pour conclure, il me semble que les magazines de ce type, ne s'intérrogent pas assez sur les grands faits de société actuels (pertes de repères et désillusions d'une partie de la jeunesse, mise en avant excessive de la consommation et du sexe, ...inégalités et problèmes au travail...). C'est sur que c'est moins vendeur, mais en même temps, cest ce qu'ils revendiquent.

magazine elle fr avril 2008

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