Alors que les licornes occupent le premier étage du nouveau bâtiment, le musée de Cluny ouvre une splendide exposition sur la naissance de la sculpture gothique, un art souvent négligé et sur lequel planent de nombreux clichés. A voir jusqu'au 21 janvier 2019. 


Un art multisources

Si, dans l'imaginaire collectif le gothique a été inventé par l'abbé Suger, on observe à la même époque, à Chartres notamment, les premières évolutions de l'art roman qui, avec une certaine virtuosité, adaptent des idées byzantines. L'Île-de-France est alors encore friande de sculptures romanes, planes, stylisées et relativement abstraites. Pour la rénovation de la basilique de Saint-Denis, nécropole royale, Suger veut une décoration somptueuse qui tranche avec ce qui existe déjà. Chargée et pleine de sens, Suger prône le décor du trumeau et des portails d'entrée. Pour se faire, il fait appel aux sculpteurs d'Île-de-France, mais, comme l'étude stylistique nous l'apprend, des compagnons de la région de Chartres dont la haute technicité et l'inventivité font école, se joignent au chantier. Faits amusants, avant la restauration, certaines colonnettes étaient considérés comme des ajouts du XIXe siècle tant elles étaient impressionnantes techniquement, alors que ce n'est pas le cas.

L'on observe ainsi une différence de traitement entre les réalisations des sculpteurs d'Île-de-France, encore très hiératiques, et les réalisations des sculpteurs venus de Chartres. 

Au cours des années 1135-1150, le style gothique connait un engouement rapide avec une forte diffusion des modèles, mais également des recherches nouvelles. Les différentes pièces montrent des influences byzantines, mais également une observation de l'Antique avec une expressivité des visages, des drapés particuliers mais surtout, une profondeur de champ de la sculpture et la torsion des formes.

L'art gothique se nourrit de multiples influences et propose les innovations plastiques entre naturalisme des modèles et transcendance des formes vers le divin.


Une scénographie réussie

La scénographie tient une place de choix dans cette exposition. Rompant avec les présentations traditionnelles, sans vitrines, les œuvres sont mises en perspective, recréant un effet de portail ou de cloître et retrouvent une certaine monumentalité.

L'éclairage et les couleurs de fond sont également travaillés pour soutenir le propos. D'ailleurs, on apprécie tout particulièrement le rassemblement de chapiteaux de Saint-Denis ou encore la réunion de quatre statues-colonnes du portail de Notre-Dame de Chartres habituellement en réserve.

Les trois Vierge à l'Enfant qui clôturent l'exposition sont ainsi une synthèse de la recherche plastique des artistes de cette époque. Elles présentent différents états de recherche tout en formant un corpus cohérent et permettent de comprendre toute la richesse de la sculpture gothique.

Ainsi, cette exposition met en lumière un art que nous croisons tous les jours dans nos villes mais qui reste pourtant méconnu et souvent négligé. Elle montre la variété du vocabulaire stylistique des artistes du Moyen-Âge ainsi que les origines des modèles, parfois très éloignées. La beauté des pièces saute aux yeux.

Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
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Visuels : (C) Sandra B.
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Visuels : (C) Sandra B.
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Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.
Visuels : (C) Sandra B.

Visuels : (C) Sandra B.

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