Errances d’Emanon : sur la route de la solitude

01 oct. 2018

Après Souvenirs d’Emanon, Kenji Tsuruta continue son voyage mélancolique aux côtés de la très énigmatique jeune femme de trois milliards d’années. Un récit poétique et vivant à retrouver dans une très belle édition grand format de la collection Latitudes des éditions Ki-oon.

SASURAI EMANON © Shinji Kajio, Kenji Tsuruta / TOKUMA SHOTEN PUBLISHING CO., LTD.

Dans un premier récit tout en couleurs, Emanon poursuit son errance interminable et rencontre le jeune Atsushi, un garçon fasciné par les kappas. Elle l’accompagne dans son village et y retrouve une vieille amie, Hikari, tout aussi énigmatique. Emanon et Atsushi se lient d’amitié. Elle le fascine avec son allure nonchalante et ses histoires de voyage interminable, et par le fait qu’elle connait son grand père et le village. Mais Emanon ne reste jamais en place et la voilà à la recherche d’elle-même et de son frère, au moment où l’on en apprend davantage sur la jeune femme et ses précédentes « elles ».

Kenji Tsuruta parvient à insuffler sympathie et mélancolie dans le personnage fantasmagorique de Shinji Kajio. Son trait fouillé et délicat à la plume est très fort, tout comme les colorations à l’aquarelle. Les pages sont vibrantes comme une bulle de savon et s’accordent à merveille à l’évanescence de ce récit, surréaliste et onirique.

Emanon, à travers son histoire et ses rencontres, nous interroge et nous renvoie à la réflexion sur la place de chacun dans le monde. Si l’on est là, c’est pour une bonne raison, même si ce n’est que comme voie, comme vaisseau pour la prochaine génération, humaine ou non. Emanon a un lien singulier à la nature, du fait qu’elle n’a pas toujours été humaine, et finalement elle, bien que régie par son instinct presque animal, est celle qui nous connait le mieux nous les humains, mais également les autres vivants.